Ministère de la Transition Énergétique et du Développement Durable :
Le Royaume du Maroc a l’honneur de soumettre sa Contribution Déterminée au niveau National (CDN 3.0) pour la période 2026-2035 au Secrétariat de la CCNUCC, conformément à l’Accord de Paris notamment ses articles 4.2 et 4.11 ainsi qu’au paragraphe 24 de la décision 1/CP.21.
Bien que faiblement émetteur de Gaz à Effet de Serre (GES), le Maroc demeure fortement vulnérable aux impacts du changement climatique. La Cinquième Communication Nationale (CN5) du Maroc projette une évolution marquée par un climat plus chaud et plus sec à l’horizon 2050. Les températures moyennes annuelles devraient augmenter de plus de 3 °C à l’échelle nationale, avec des hausses pouvant atteindre jusqu’à 5 °C dans certaines régions du pays.
Parallèlement, les précipitations annuelles devraient diminuer de manière généralisée sur l’ensemble du territoire, avec des baisses principalement comprises entre 5 et 15 %, pouvant atteindre jusqu’à 20 % dans certaines zones.
Cette évolution est susceptible de provoquer un appauvrissement des ressources en eau, une variabilité accrue des saisons pluvieuses ainsi qu’une vulnérabilité renforcée face aux épisodes de sécheresse.
À titre d’exemple, l’année 2023 s’est révélée être la plus sèche depuis au moins huit décennies, avec un déficit pluviométrique estimé à 48 %. Une telle situation accentue un stress hydrique déjà particulièrement préoccupant : les ressources renouvelables sont passées de 2 560 à environ 620 m³ par habitant durant les six dernières décennies (1960-2025), situant le pays à un niveau critique, très proche du seuil de pénurie absolue fixé à 500 m³.
Ces changements se traduisent par une augmentation de la fréquence et de l’intensité des vagues de chaleur, la recrudescence des incendies de forêts, l’accentuation du stress thermique ainsi qu’une pression croissante sur les ressources en eau. À cet égard, le Maroc a enregistré en 2023 un total de 26 événements météorologiques extrêmes ayant donné lieu à des bulletins d’alerte, parmi lesquels des averses orageuses intenses (35 %), des vagues de chaleur (30 %), des chutes de neige (19 %) et des vents forts (16 %).
Compte tenu de la gravité et du coût élevé de ces impacts, l’adaptation s’affirme comme une priorité stratégique de premier ordre. À cet égard, le Maroc réaffirme sa détermination à contribuer activement à la réponse mondiale face au défi des changements climatiques, dans le cadre du développement durable et de la lutte contre la pauvreté.
Dans cette perspective, la politique nationale du Maroc en matière de lutte contre les changements climatiques trouve son ancrage institutionnel dans la Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD 2035), qui promeut un développement équilibré et durable, en cohérence avec les Objectifs de Développement Durable (ODD 2030), le Nouveau Modèle de Développement (NMD 2035) et la feuille de route nationale bas carbone à l’horizon 2050.
Cette stratégie couvre six domaines de transformation majeurs directement liés aux enjeux climatiques, notamment : la sécurité hydrique, énergétique et alimentaire, le développement d’une économie compétitive et sobre en carbone ainsi que la valorisation et la résilience des ressources et écosystèmes naturels face aux changements climatiques. Elle repose par ailleurs sur plusieurs leviers de changement, à savoir : le capital humain, le numérique, l’innovation, la recherche, les réformes réglementaires, les instruments économiques et fiscaux, ainsi qu’une planification territoriale intégrée.
Outre la SNDD, la politique du Maroc se traduit par le biais d’autres documents stratégiques, en particulier, le Plan Climat National (PCN) et le Plan National Stratégique d’Adaptation (PNSA), la Contribution Déterminée au niveau National (CDN), les stratégies sectorielles spécifiques ainsi que des Plans Climatiques Territoriaux et des Plans d’Adaptation Régionaux. L’objectif ultime consiste à rendre le territoire national plus résilient face au changement climatique tout en assurant une transition vers une économie sobre en carbone.
Pour renforcer la mise en œuvre de sa politique climatique et rehausser son ambition, le Maroc s’est engagé dans un processus d’élaboration de la CDN 3.0 en se basant sur une démarche participative et inclusive impliquant les différentes parties prenantes, particulièrement les institutions publiques, le secteur privé, la société civile, les syndicats, les régions ainsi que les femmes et les jeunes.
Ce processus a été accompagné par la Commission Nationale des Changements Climatiques et de la Diversité Biologique, qui a assuré l’examen et la validation des résultats de la CDN 3.0. Elle a exercé ses prérogatives en matière de concertation, de coordination et de suivi de la mise en œuvre des engagements climatiques du Maroc.
La CDN 3.0 marque une progression significative par rapport à la CDN 2.0 publiée en 2021 en rehaussant l’ambition en matière d’atténuation des émissions des GES notamment par la prise en compte de nouveaux GES, et en ciblant de renforcer davantage la capacité d’adaptation et de résilience par l’inclusion de nouveaux secteurs et domaines (Equipement – Transport et Diversité Biologique).
S’alignant avec les recommandations du Premier Bilan Mondial de 2023, tripler la capacité mondiale des énergies renouvelables d’ici 2030, doubler le rythme d’amélioration de l’efficacité énergétique, réduire progressivement la production et l’utilisation du charbon, la CDN 3.0 représente le niveau d’ambition maximal possible.
Elle définit, en tenant compte des circonstances nationales, des cibles et mesures de mise en œuvre dans le respect du principe des Responsabilités Communes mais Différenciées et des Capacités Respectives des pays. Le potentiel national d’atténuation de la CDN 3.0 s’élève à 53 % de réduction des émissions de GES d’ici 2035, au lieu de 45.5% fixé dans la CDN 2.0 pour 2030.
Cet objectif est établi par rapport aux émissions projetées à la même échéance selon un scénario de référence basé sur le cours normal des affaires. Il se décline en une réduction inconditionnelle de 21,6 % à l’horizon 2035, comparée à 18,3 % visés dans la CDN 2.0 pour 2030, qui sera mis en œuvre grâce à des ressources financières sécurisées et alignées à la planification budgétaire de l’Etat.
De même, cette CDN 3.0 est marquée par un objectif de réduction conditionnelle de 31,4 % à l’horizon 2035, contre 27,2 % pour la CDN 2.0 à l’horizon 2030 dont l’atteinte dépendra de la mobilisation de l’appui international requis. La CDN 3.0 a été également une opportunité pour une meilleure structuration des projets d’adaptation et de renforcement de la résilience dans plusieurs secteurs. Dans ce contexte, un portefeuille de 90 projets d’atténuation a été élaboré, nécessitant un financement estimé à 60 Milliards USD.
Les objectifs de la CDN3.0 s’inscrivent pleinement dans la concrétisation de la feuille de route nationale bas carbone, qui oriente les politiques du Maroc vers un modèle de développement durable et sobre en carbone à l’horizon 2050.
D’autre part, compte tenu de la vulnérabilité du pays aux impacts des changements climatiques, la CDN 3.0 vient renforcer l’action en matière d’alerte, de prévention des risques climatiques et d’adaptation, et ce dans la perspective de réduire les pertes et les préjudices que le pays subit déjà.
A cet effet, 80 objectifs sectoriels d’adaptation ont été identifiés à l’horizon 2035. Ces objectifs se déclinent en 107 projets d’adaptation, répartis entre 61 projets inconditionnels et 46 projets conditionnels.
À noter que la CDN 3.0 du Maroc prévoit une approche intégrée de la prévention et de la gestion des risques des effets extrêmes, afin d’assurer la sécurité et la protection des personnes, des biens et des écosystèmes. Les besoins en financement pour l’adaptation sont estimés à un total d’environ 36 Milliards USD.
La CDN 3.0 capitalise sur la Stratégie de Développement de la Finance Climat (SDFC 2030), reconnaissant le rôle que peut jouer le secteur privé et visant la promotion de la finance climatique à travers trois piliers clés : (i) améliorer l’accès au financement pour les projets climatiques, notamment par le biais d’instruments et de mécanismes financiers innovants, (ii)renforcer l’environnement propice à l’investissement climatique et (iii) promouvoir une transition juste et inclusive en renforçant les capacités et en facilitant l’accès aux financements verts en faveur des Etablissements et Entreprises durables.
Le Royaume du Maroc apporte une contribution méthodologique novatrice au processus de révision des CDNs, en mettant en avant l’importance de l’efficacité économique ainsi que les co-bénéfices environnementaux et sociaux des actions climatiques.
Dans ce sens, l’utilisation de l’indicateur du coût moyen d’abattement sectoriel (USD/T éq.CO2 réduite) constitue non seulement un outil de comparaison de la performance sectorielle du pays en matière de réduction des émissions des GES tenant compte de l’ampleur des investissements requis et du volume des réductions associées, mais aussi, il permettrait de comparer ladite performance entre pays, entre groupe de pays ou à l’échelle mondiale.
L’utilisation de cet indicateur serait à même d’agréger les efforts des pays dans les secteurs les plus émetteurs et d’estimer les progrès à réaliser en matière de réduction des émissions des GES. Il constituerait une base pour rehausser notre ambition collective, tout en orientant les investissements et les flux financiers vers une trajectoire sobre en carbone à l’horizon 2035.
Enfin, il apporterait une contribution utile au deuxième Bilan Mondial de 2028, afin de guider l’action commune face à l’urgence climatique. Par ailleurs, le Maroc affiche son grand intérêt pour les mécanismes du marché carbone afin de mobiliser des financements additionnels.
Pour exploiter ce potentiel de manière concrète, le pays a déjà entrepris plusieurs démarches pour rendre opérationnels les approches coopératives de l’article 6 de l’Accord de Paris et il est engagé dans le développement des activités éligibles sur son territoire.
De plus, le Royaume a déployé, pour une première expérience, un effort inédit d’alignement entre les ambitions climatiques inscrites dans sa CDN et sa planification budgétaire nationale. En articulant le développement de la CDN 3.0 avec la Programmation Budgétaire Triennale (PBT 2026-2028), le pays garantit une meilleure cohérence entre les engagements climatiques et les ressources publiques mobilisées.
Cet exercice permet de renforcer la visibilité, la crédibilité, la transparence et la soutenabilité budgétaire des engagements climatiques du Maroc. Il illustre ainsi un modèle de gouvernance financière respectueux du climat, plaçant la transition climatique au cœur de la gestion des finances publiques et renforçant la confiance des partenaires financiers.
Ce dispositif est déployé territorialement afin d’impliquer les collectivités et parties prenantes locales et ancrer la transition climatique dans tous les territoires.
La CDN 3.0 est profondément ancrée dans la dimension sociale et promeut une transition juste et inclusive. Elle intègre les principes de l’équité, l’égalité des genres et l’employabilité. Son élaboration a été un processus largement participatif, marqué par la mobilisation intensive de l’ensemble des parties prenantes politiques et sociétales : jeunes, syndicats, points focaux genre et représentants des territoires.
Le Maroc, en plaçant ces priorités sociales et territoriales au centre de sa CDN 3.0, réaffirme son rôle d’acteur dynamique dans le programme climatique global.
Son engagement ne se limite pas à l’ambition de l’atténuation des émissions des GES, de l’adaptation et au renforcement de la résilience, mais s’étend à la justice sociale et à l’équité, assurant que chaque citoyen et chaque territoire bénéficient des retombées positives de cette action.
Pour en savoir plus :
https://unfccc.int/sites/default/files/2025-10/MOROCCO%20NDC%203.0%20_30.9.25.pdf