Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale, la conservation et la restauration des écosystèmes stockant du « carbone bleu », comme les mangroves, les herbiers marins et les marais salés, qui captent plus de CO2 que les forêts, peuvent contribuer à lutter contre le changement climatique, créer des emplois de qualité et améliorer les moyens de subsistance des populations.
Réalisé avec le concours financier du fonds fiduciaire multidonateurs PROBLUE (a), le rapport Déverouiller le développement du carbone bleu démontre que le stockage du carbone par les écosystèmes côtiers et marins est un outil puissant pour combattre le changement climatique. Par exemple, l’arrêt de la destruction et de la dégradation des herbiers marins au niveau mondial permettrait de stocker 650 millions de tonnes de CO2 par an, soit à peu près le volume d’émissions annuelles du transport maritime.
« L’investissement dans la préservation et la restauration des mangroves, des herbiers marins et des autres écosystèmes naturels de stockage de carbone bleu, contribue à un monde sans pauvreté sur une planète vivable, souligne Valerie Hickey, directrice du pôle Environnement, ressources naturelles et économie bleue de la Banque mondiale. Ces écosystèmes non seulement stockent le carbone, mais aussi fournissent de nombreux avantages : ils soutiennent la pêche et la sécurité alimentaire, stimulent le tourisme et l’emploi, aident à protéger les communautés côtières contre les catastrophes climatiques et constituent des habitats naturels pour les espèces sauvages. »
Les écosystèmes stockant du carbone bleu illustrent comment le développement, le climat et la nature agissent ensemble pour nourrir, protéger et améliorer les conditions de vie des communautés. On estime ainsi que 4,1 millions de petits pêcheurs dans le monde sont tributaires des mangroves. Celles-ci protègent également plus de 6 millions de personnes contre les inondations et évitent chaque année la perte de 24 milliards de dollars d’actifs productifs.
Le rapport propose un cadre et des recommandations innovantes qui s’articulent autour de trois piliers :
- Données et analyses : réaliser des inventaires des gaz à effet de serre et promouvoir la prise en compte du capital naturel bleu dans la prise de décision.
- Politiques et institutions : créer un environnement favorable pour optimiser les bénéfices du carbone bleu au niveau local et développer des partenariats pour gérer les risques et influencer l’agenda mondial.
- Financement : adopter une approche holistique pour mobiliser des financements, accéder à des dons internationaux pour investir dans le carbone bleu, promouvoir les partenariats public-privé (PPP) pour développer du marché du carbone bleu et identifier des chaînes de valeur pour réduire la dégradation des écosystèmes.
En dépit des immenses bienfaits qu’ils procurent, les écosystèmes stockant du carbone bleu continuent de se dégrader. Le rapport souligne notamment que plus de 50 % des marais salés de la planète ont disparu au cours du XXe siècle et que cette dégradation se poursuit actuellement. « Les gens ne réalisent pas l’importance de ces puits de carbone, alors qu’ils stockent cinq fois plus de CO2 que les forêts, explique Michele Diez, spécialiste principale environnemental et responsable du programme PROBLUE. Si ces écosystèmes sont perturbés, le carbone qu’ils renferment depuis des milliers d’années sera libéré dans l’atmosphère, avec les conséquences néfastes que l’on connait sur le climat. C’est maintenant que les gouvernements doivent investir dans ce levier puissant que ce sont les écosystèmes stockant du carbone bleu. Et la Banque mondiale est prête à aider ses partenaires à investir pour une planète vivable. »