Bonne nouvelle pour les professionnels du secteur laitier. Le ministère de l’Agriculture envisage le lancement d’un nouveau programme de soutien à l’achat des vaches laitières allant jusqu’à 6.000 dirhams par vache ainsi que la signature d’un nouveau contrat programme avec la Fédération interprofessionnelle “Maroc Lait”. C’est ce qu’a déclaré à la MAP le secrétaire général au ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts. Redouane Arrach s’exprimait le jeudi 4 mai à Meknès à l’occasion du lancement par Centrale Danone de la deuxième phase du programme “Hlib Bladi” destiné au développement de la production laitière. Ceci en marge de la 15ème édition du Salon international de l’Agriculture au Maroc (SIAM).
Plusieurs mesures liées au développement de la filière sont prises dans le cadre du nouveau contrat-programme lait prévu dans le cadre de la stratégie Génération Green 2020-2030, finalisé de commun accord avec les professionnels de la filière. Il s’agit de plusieurs dispositions, notamment des aides et subventions de l’Etat à l’investissement dans la filière et la valorisation, l’importation de génisses, la production de génisses locales, l’insémination artificielle, le travail sur un plan fourrager pour appuyer la production des aliments localement et d’autres mesures d’accompagnement.
A noter que cette filière constitue une source importante d’emplois avec près de 49 millions de journées de travail par an et génère un chiffre d’affaires de 13 milliards de DH et une valeur ajoutée de 6 milliards de DH.
Pour rappel, le cheptel bovin laitier (femelles reproductrices) a connu un accroissement important depuis 2008 pour se stabiliser autour de 1,8 Millions de têtes en 2015 (+14%); composé à hauteur de 71 % de races améliorées. Cette amélioration est le résultat des programmes d’amélioration génétique réalisés dans le cadre du contrat programme lait et des efforts fournis par les organisations professionnelles et des des opérateurs de la filière lait avec le soutien de l’Etat.
Cependant, une baisse du cheptel bovin de 11% à été enregistrée en 2022 par rapport à 2021 et d’environ 20% par rapport à 2019 (année avant les crises), selon une déclaration à la MAP en avril dernier de Mohammed Raita, chargé de la communication auprès du président de la Fédération interprofessionnelle du secteur laitier “Maroc Lait”.
Alors que la filière laitière a enregistré de bonnes performances entre 2009 et 2019, grâce au Plan Maroc Vert, notamment une progression de 17% du cheptel bovin, +52% de la production laitière, +40% de la consommation du lait (en kg/hab./an), et surtout une autosuffisance nationale de quasi 100%, trois crises ont impacté sérieusement la filière lait depuis 2020 :
– La crise sanitaire avait fortement ralenti la vente des produits laitiers et des animaux d’élevage. L’insémination artificielle a été également arrêtée durant plusieurs mois, ce qui a impacté les naissances et, partant, causé une réduction du nombre de vaches laitières en production pour les années suivantes ;
– La sécheresse, la plus sévère depuis 40 ans, dont le cumul des dernières campagnes, a fortement réduit la disponibilité en eau de barrage, de la nappe phréatique et donc la disponibilité des pâturages et de la production des fourrages (paille, foin, ensilage) ;
– Et enfin le conflit russo-ukrainien qui a accentué la hausse des prix, ayant touché les aliments composés dont les intrants sont importés, l’énergie (gasoil), le transport, les emballages, etc., et les prix des aliments de bétail, qui constituent environ 70% des coûts de production du lait, ayant augmenté en moyenne pondérée de plus 80% en 2022 par rapport à 2021.
Il en résulte une baisse du cheptel et de la production du lait d’environ 20% en 2022 par rapport à 2019.
En réponse à cela, des mesures d’urgence et des mesures pour le moyen et long terme ont été prises par Maroc lait et le ministère de l’Agriculture, dont les plus importantes sont les suivantes :
1) Mesures d’urgence, depuis fin 2022 :
- Au niveau du ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts :
Subvention des aliments composés; exonération de la TVA sur l’importation des aliments simples; exonération des taxes et droits de douanes des bovins importés, destinés à l’abattage; exonération des taxes et droits de douanes des génisses importées d’autres continents que l’Europe et les États Unis; interdiction d’abattage des femelles; subvention d’un contingent de lait en poudre et beurre destinés à la production des dérivés pour orienter le lait cru vers le lait UHT et le lait pasteurisé.
- Au niveau de Maroc Lait :
– Solidarité avec les éleveurs, avec une augmentation importante des prix, de plus de 20% sur une année, pour les aider à faire face à l’augmentation des prix des aliments ;
– Participation active à la mise en place d’une filière fourragère pouvant assurer une alimentation de base du cheptel laitier et constituer des réserves fourragères en période de sècheresse ;
– Lancement en 2023 des unités régionales d’encadrement laitier (UREL), dont 4 UREL sont déjà opérationnelles. Ces UREL dotées de moyens humains (ingénieurs, techniciens… ) et moyens matériels vont accélérer la politique de proximité aux éleveurs, permettant l’écoute, la formation, l’adhésion à la CNSS (Caisse Nationale de Sécurité Sociale), le soutien et, in fine, l’amélioration de la productivité des aliments et du lait et donc un meilleur revenu ;
– Formation des éleveurs et leurs familles dans le Lactopole de Casablanca, équipé par des installations modernes (Étable, salle de traite, moyens de formation théorique et pratique, internat, restaurant, etc.). Des stages de plusieurs jours sont organisés en faveur des éleveurs, de leurs enfants et leurs femmes.
2) Mesures pour le moyen et long terme :
- En collaboration avec un grand cabinet d’étude, Maroc Lait a lancé une étude nationale sur les coûts de production du lait à la ferme. Cette étude qui cible toutes les régions du Maroc, toutes les catégories d’éleveurs et les différents écosystèmes, permettra de mieux comprendre les problèmes de chaque catégorie d’éleveurs, pour mieux répondre à leurs besoins ;
- Participation active à l’élaboration d’un plan de relance multidimensionnel de la filière laitière, suite aux problèmes conjoncturels précités. Ce plan permettra de rejoindre, dans les trois prochaines années, les objectifs tracés par la stratégie “Génération Green”.
Pour renforcer la relance du secteur, un plan de redressement de la filière pour le moyen et long terme a été ainsi dressé entre le ministère de l’Agriculture et Maroc Lait. Il devra être signé lors de ce SIAM