Le Maroc avance plutôt bien dans la préparation de son système financier pour faire face aux risques climatiques et soutenir l’action climatique, ce qui le démarque par rapport aux autres pays du Maghreb. Ce progrès est, toutefois, à relativiser, vu que le Royaume a encore du chemin à parcourir pour réussir cette transition. C’est ce qui ressort du rapport “Climate Finance Readiness Index” publié le 9 janvier par Green For South, cabinet de conseil spécialisé dans la finance durable, verte et climatique basé à Toronto et Casablanca. Ce rapport, qui couvre la région du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et de la Turquie (MENAT), note, en effet, que le Maroc est en avance par rapport aux autres pays de l’Afrique du Nord, à savoir notamment l’Algérie et la Tunisie, avec « des réglementations et des lignes directrices appropriées (principalement volontaires à ce stade), un volume intéressant de l’activité de financement climatique (traitant avec des fonds internationaux et émettant des obligations vertes) et des dispositifs de sensibilisation efficaces ». Le Maroc se démarque également par l’important effort d’investissement prévu pour soutenir l’action climatique, soit environ 78 milliards de dollars (38 pour les mesures d’atténuation et 40 milliards pour les mesures d’adaptation).
La Tunisie dispose également d’une réglementation appropriée (sur une base volontaire), d’un volume intéressant d’activité de financement climatique mais ce pays maghrébin est pénalisé par l’absence d’émission d’obligations vertes ou de Sukuk et des dispositions de sensibilisation encore limitées. Par contre, relève le rapport, l’Algérie « ne dispose d’aucune réglementation dans le secteur financier pour soutenir l’action climatique et l’activité de financement climatique est encore limitée ».
Globalement, la mise en œuvre de la finance climatique la région de l’Afrique du Nord est encore à un stade précoce, notent les auteurs du rapport. Ces derniers estiment que le Maroc et la Tunisie doivent renforcer leur réglementation (et la rendre obligatoire), encourager les émissions vertes et lancer davantage d’initiatives de sensibilisation et de formation. Ce qui fait valoir à cette sous-région un score de 31,33% dans “Climate Finance Readiness Index”, contre 40,23% pour la sous-région Moyen-Orient (Egypte, Irak, Jordanie, Liban), 17,53% pour la sous-région CCG et 46,84% pour la Turquie.
Concernant la réglementation et environnement favorable, la région MENAT a obtenu un score de 31,68%. Ce qui montre que la région en est en retard dans la réglementation visant à soutenir l’action climatique, selon le rapport. En fait, explique-t-il, la majeure partie des pays de la région ne disposent pas de cadres appropriés ou ne sont que volontaires. Ainsi, à l’exception de l’Égypte qui dispose de la plupart des exigences de déclaration obligatoires, les autres pays comme la Jordanie, le Maroc, la Tunisie et la Turquie ont généralement des exigences de déclaration volontaires.
Le rapport indique que dans la réglementation et l’environnement propice, il existe quatre sous-groupes. Le 1er correspond à un seul pays, l’Égypte qui applique des exigences de reporting obligatoires sur les risques ESG et climatiques dans les secteurs de la banque, de l’assurance et des marchés de capitaux.
Le 2e sous-groupe regroupe les pays dont les exigences de déclaration sont les plus volontaires, comme le Maroc, la Tunisie, la Turquie et la Jordanie.
Le 3e regroupe les pays du CCG (sans Oman) avec des exigences de reporting ESG pour les entreprises publiques et des lignes directrices sur les obligations vertes/Sukuk.
Le 4e regroupe les pays sans exigence en matière de reporting des risques ESG et Climat. Il s’agit de l’Irak, l’Algérie, Oman et le Liban.
Les auteurs du rapport estiment que les pays du 2e sous-groupe, dont le Maroc, doivent prendre en compte leurs spécificités locales, accompagner les acteurs pour mettre en place les processus de mesure et de gestion des impacts ainsi que les cadres de reporting pour faire évoluer la réglementation pour qu’elle devienne obligatoire dans un second temps. Ces pays doivent aussi mettre en œuvre les réglementations nécessaires dans les trois secteurs financiers (banque, assurance et marchés de capitaux), selon le rapport.
En termes d’activité de finance verte, le rapport distingue 4 sous-groupes. Le Maroc figure dans le 1er qui regroupe qui comprend aussi l’Égypte, le Liban et la Turquie. Ces pays mobilisant des ressources à la fois des fonds verts mondiaux et des émissions d’obligations vertes/Sukuk.
En termes de sensibilisation, les pays étudiés sont divisés en 3 sous-groupes. Le Maroc, au même titre que la Turquie et la Jordanie, figure dans le 1er qui regroupe les pays avec des programmes de formation spéciaux dans le domaine de la finance verte et climatique.
Enfin, le rapport “Climate Finance Readiness Index” recommande d’établir un cadre réglementaire pour les institutions financières pour gérer les risques climatiques, renforcer les incitations du marché pour stimuler à la fois l’offre et la demande de financement climatique par le biais d’investissements dans des initiatives vertes, et accroître les connaissances et la sensibilisation dans ce domaine. Ces mesures sont en mesure de promouvoir la croissance de la finance climatique dans la région.