Le gouvernement s’apprête à lancer une importante étude visant l’élaboration d’une feuille de route stratégique pour la transformation digitale dans le secteur agricole au Maroc. Ce chantier est porté par le ministère de l’Agriculture. Selon la tutelle, l’agriculture, au niveau mondial, a emprunté le tournant digital. Le Maroc ne peut rester en marge de cela. L’essor de la numérisation induit des transformations sans cesse au niveau de plusieurs secteurs de l’économie nationale. Le secteur agricole n’est pas en reste de ces transformations. Le Maroc, pays où l’agriculture est un réel moteur de développement social et économique, devrait faire de la dynamique de la transformation digitale au niveau du secteur un vrai challenge. Cette dynamique est liée à l’adoption de technologies de pointe au niveau du secteur et au renforcement des capacités des agriculteurs pour accompagner l’évolution dans les modes de travail et de production et faire face aux différents enjeux. Le train de la transformation digitale est donc une opportunité pour l’agriculture d’aspirer à un nouveau palier de développement. Les opportunités offertes par l’ancrage aux technologies numériques permettraient au secteur agricole de passer d’un modèle de production traditionnel et semi-moderne vers une agriculture moderne répondant aux impératifs de productivité, de compétitivité et de durabilité.
La technologie offre une large gamme d’outils performants tout au long de la chaîne de valeur agricole pour améliorer la planification des campagnes agricoles, la gestion efficace des intrants et des ressources, la productivité, la qualité et la compétitivité. Concrètement, le numérique concerne divers domaines de l’agriculture à travers une multitude d’outils intelligents et de solutions techniques de précision dont, en particulier :
Les satellites et les drones imageurs qui permettent de cartographier les paramètres biophysiques des cultures
Les robots agricoles à champs, les engins autoguidés, les tracteurs autonomes ; – Les sondes et capteurs fixes au niveau du sol pour mesurer la température, l’humidité… ;
L’étable connectée à travers l’utilisation de trayeuses automatiques et la fourniture automatique de ration alimentaire adaptée, les ruches intelligentes ,.. ;
Les data —drivers logiciels et les services d’aide à la décision.
Ainsi, les nouvelles sources de données massives spatiales et temporelles, conjuguées aux réseaux d’objets connectés et aux données météo, mettent à disposition un flux continu d’informations et de connaissances qui contribuent à l’amélioration de l’efficacité des activités agricoles. Cette évolution vers une agriculture 4.0 renforcée par l’efficience permet, d’une part, de diminuer les risques par de forts algorithmes de calcul et de prédiction, d’intelligence artificielle et d’autre part, d’instaurer une gestion et surveillance automatisées permettant de renforcer la performance économique et l’amélioration de la compétitivité des filières agricoles. Dans ce cadre, la digitalisation peut et doit aider l’agriculture à jouer le rôle clé dans l’assurance de la sécurité alimentaire, la lutte contre la faim et la gestion durable des ressources naturelles. Elle permet d’économiser l’eau d’irrigation et d’utiliser moins d’engrais et de suppléments nutritionnels, tout en augmentant la productivité. Elle permet de produire plus et mieux avec moins de ressources. D’après une enquête de la FAO, « les nouvelles technologies et internet présentent un potentiel énorme, à même d’augmenter de 70% la productivité agricole d’ici 2050 ». La transformation digitale du secteur agricole constitue, donc, une opportunité pour booster la croissance économique et atteindre les objectifs de la stratégie agricole et du développement durable à l’horizon 2030.
En effet, au Maroc, les nouvelles technologies sont de plus en plus introduites dans la production agricole et agro-industrielle moderne avec des impacts positifs sur les performances économiques. L’évolution de l’écosystème des nouvelles technologies de l’information et de l’innovation mobilise les leaders dans le domaine. Ces acteurs innovent en mettant sur le marché des solutions utilisant l’imagerie satellitaire, la communication sans fil, les objets connectés, l’intelligence artificielle,.. Par ailleurs, pour intégrer le digital, le Département de l’Agriculture s’est doté d’une structure dédiée, la « Direction des Systèmes d’Information (DSI) », et a mis en place plusieurs systèmes d’informations dont :
Le système de recensement général de l’agriculture ;
Le système des aides et des bonifications agricoles (SABA) ;
Le système d’information géographique (SIG) agricole ;
Le système StatAgri pour la gestion des statistiques agricoles ;
Le système de suivi des prix du marché (ASAAR) ;
Le système de veille et de suivi des marchés internationaux au niveau de MoroccoFoodex ;
Le système national de suivi de la campagne agricole et de prédiction agro-météorologique des récoltes céréalières (CGMS-Maroc);
Le système d’information pour le suivi de la campagne agricole (SISCA)
Les cartes de vocation des terres et de fertilité des sols de l’INRA ;
Le Système d’Information Phytosanitaire et Sanitaire (SIPS) de I’ONSSA pour échanger les données de contrôle aux postes frontaliers avec la plateforme PORTNET dédiée aux opérations d’import et d’export ;
Le système d’information budgétaire et comptable au niveau de la Direction Financière relevant du Département de l’Agriculture ;
La digitalisation de l’opération de distribution de l’orge subventionnée réalisée durant la période de sécheresse et qui a atteint ses objectifs grâce au pilotage digital des quantités journalières distribuées au niveau de divers points de distribution au profit des éleveurs.
En outre, une multitude de solutions technologiques ont été adoptées par les partenaires institutionnels pour améliorer la qualité des services fournis aux professionnels de l’agriculture et de l’agro-industrie à travers notamment :
Les sites e-commerc emis en place par l’Agence pour le Développement Agricole pour assurer une large commercialisation des produits de terroir de l’agriculture solidaire ;
Les imageries satellitaires et la digitalisation du patrimoine cartographique utilisé par l’Agence Nationale de la Conservation Foncière, du Cadastre et de la Cartographie (ANCFCC) ; et
Le réseau de formation, de recherche, de conseil et de communication (ARDNA).
« Partant du constat que la transformation digitale est un élément central de gestion efficiente et que la technologie offre aujourd’hui une large gamme d’outils performants, tout au long de la chaîne de valeur agricole et agroalimentaire pour améliorer la productivité, la qualité et la compétitivité et par conséquent constituer un relais de croissance pour le secteur agricole, le lancement de l’étude constitue une étape cruciale de la réflexion stratégique qui permettra de doter le secteur d’une vision intégrée pour une transformation digitale réussie du secteur agricole (administration, profession et exploitations agricoles) », souligne le ministère qui est en cours de recrutement d’un expert qui va l’accompagner dans ce chantier via un appel d’offre.